Le dérèglement climatique : un constat par les végétaux, des conséquences pour l’homme

par Roland-Marie MARCERON - ancien directeur des Espaces Verts de Bourges, ex-secrétaire général d’Hortis

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Roland-Marie Marceron nous démontre que l’évolution du climat est une réalité, même si certains en doutent encore. A partir de constats réalisés par l’INRA, il devient indéniable qu’il se passe quelque chose. Les conséquences pour les humains risquent d’être très importantes, en particulier en Asie et en Afrique. Et comme les interactions nous lient les uns aux autres, nous sommes tous concernés par le dérèglement climatique. La réunion internationale COP 21 est l’occasion de parler du dérèglement climatique, terme qu’il préfère à celui de réchauffement, car les experts prédisent plutôt une irrégularité du climat plutôt qu’une hausse soudaine de la température.

Les végétaux montrent le changement climatique

Voici deux exemples assez parlants de dérèglement. Les collègues de l’INRA de la station de Balandran (près de Nîmes) ont relevé le calendrier phénologique des pommiers pour une même variété depuis plusieurs décennies. On observe que la date de floraison s’est avancée de plusieurs semaines depuis les années 1970. De même, la date des vendanges dans la vallée du Rhône (Châteauneuf du Pape) ou dans le Val de Loire (Sancerre), est avancée d’environ 20 jours en 40 ans. On pourrait ainsi démontrer que les végétaux perçoivent un changement auquel les humains n’ont pas été sensibles jusqu’à présent.  
De même, la saison de floraison s’allonge, ce qui a pour conséquence une augmentation de la quantité de pollens allergisants. Heureusement qu’il y a ces GES, sinon la température de notre planète serait de –18° ! L’effet de serre est donc tout à fait bénéfique. Ce qui est dangereux n’est pas le phénomène lui-même, parfaitement naturel à notre existence, mais sa modification rapide du fait de l’homme dont les activités rejettent dans l’atmosphère du gaz carbonique : nous emprisonnons donc la chaleur émise par le soleil et nous nous retrouvons comme à l’intérieur d’une serre.

Quelles conséquences pour les hommes en termes de santé ?

Les prévisions sont connues : la température moyenne du globe pourrait augmenter, selon les scénarios, de 1,1 à 6,4 degrés d’ici 2100.  Il a été observé qu’un réchauffement moyen de 2°C suffirait pour produire un impact direct sur le fonctionnement de l’organisme humain (coups de chaleur, déshydratation aiguë, accidents cardio-vasculaires). Les personnes seraient inégalement touchées, les plus menacées étant les personnes âgées, les jeunes enfants et les nourrissons. De plus, le vieillissement de la population ne fait qu’augmenter sa vulnérabilité aux aléas climatiques. L’augmentation des températures provoquerait un développement de maladies infectieuses et parasitaires comme le paludisme inoculé par un moustique qui se reproduit à proximité de l’eau. D’où une possibilité d’extension de la zone d’endémie vers le nord et vers le sud.
Les spécialistes soulignent également les dangers de l’introduction en France du moustique Aedes albopictus, vecteur de la dengue. D’origine asiatique, il se répand dans le monde depuis une dizaine d’années. Pour ce qui concerne l’air, il risque de contenir davantage de particules comme les pollens auxquelles certaines personnes sont allergiques. Comme l’on prévoit des hivers plus doux et riches en précipitations, la saison pollinique, qui se rattache à la floraison des végétaux, commencera plus vite et sera plus longue. Un hiver très doux ou un été très sec, une variation brusque de l’hygrométrie, pourront provoquer de véritables « épidémies » d’asthme et rhinites allergiques. Les variations climatiques joueront sur la floraison et, par là, sur la concentration de pollen dans l’air.

Quelles conséquences pour les hommes en termes de ressources ?

Aujourd’hui, 1,4 milliard de personnes vivent dans des régions où la population dispose de moins de 1m3 d’eau par personne et par an, soit 3 litres par jour. L’eau douce ne représente que 2,5 % de l’eau de la planète. Les deux tiers de cette eau douce ne sont pas facilement accessibles, puisque cette eau est stockée dans les glaciers et dans les profondeurs. L’eau douce aisément utilisable ne représente, au total, que 7 pour 1000 de l’eau de la planète. C’est dire si cette ressource est plus rare qu’on ne le pense. A l’échelle planétaire, le risque de pénurie des ressources en eau douce est donc possible. On peut même craindre des conflits entre régions et Etats pour le contrôle et la « conquête » de cette eau devenue rare, ainsi qu’une augmentation significative des déplacements de population vers les régions plus privilégiées, avec toutes les tensions que ces mouvements impliquent.

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Quelles conséquences pour les hommes en termes d’urbanisme ?

Les experts du GIEC (Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat) avancent que si les eaux montaient de 50 cm, environ 10 % du Bengladesh disparaîtrait sous les eaux. Actuellement, dans cette immense zone inondable, vivent 8 à 10 millions de personnes… Où iraient-elles si les experts avaient raison ?…

Autre exemple : le lac Tchad a perdu en 40 ans, 90 % de sa surface. Il est passé de 25 000 km2 (l’équivalent de la Bretagne) à 3  000  km2. Le fleuve Chari, qui alimente le lac, déverse un volume deux fois moindre que dans les années 60. Sur les rives marécageuses, des carcasses de bateaux témoignent d’un passé pluvieux. Dans cette région, non seulement les pêcheurs, mais aussi les éleveurs sont des réfugiés climatiques. Où peuvent-ils aller ?

Nous voici au cœur, sans aucun doute, de la plus grande conséquence humaine du réchauffement climatique. Pour l’avenir, il existe des craintes fondées que le nombre de personnes fuyant des conditions environnementales insoutenables augmente de manière exponentielle. Il est à craindre que nous verrons alors apparaître des réfugiés climatiques ou éco-réfugiés, c’est à dire des gens qui ne pourront plus vivre dans leur région ou pays d’origine. L’augmentation du niveau des océans ne fait pas que rogner les territoires : elle a aussi des effets pervers comme la salinisation des terres arables et la pollution des nappes phréatiques qui rendent l’agriculture et la vie difficiles sur les côtes. M. Bogardi, Directeur de l’Institut pour l’Environnement et la Sécurité Humaine de l’université des Nations Unies à Bonn, avance pour 2050 le chiffre de 150 millions de migrants imputables au réchauffement climatique. Bien que la peur d’un afflux massif de réfugiés ou demandeurs d’asile pèse lourd sur les politiques de nombreux pays riches, seul un infime pourcentage de personnes déplacées vient réellement frapper à nos portes. Ces migrations se font en général à l’intérieur du pays d’origine et les populations, dans un premier temps du moins, mettront en place des stratégies d’adaptation au changement climatique.

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Construire de nouvelles solidarités internationales

Si nos sociétés industrialisées sont historiquement responsables des dérèglements climatiques, on constate que les victimes présentes et futures sont principalement les populations des pays du sud. Ces dérèglements aggravent des situations  déjà précaires. Sécurité alimentaire, santé, habitat, accès à l’eau potable et à l’énergie sont des difficultés que l’on rencontre déjà en Asie, sur l’ensemble du Sahel ou de la Corne de l’Afrique. Les capacités techniques et les moyens financiers des pays les plus vulnérables, à s’adapter aux impacts des changements climatiques sont relativement faibles. Par conséquent, il s’agit d’anticiper et de prendre en compte les enjeux liés aux dérèglements climatiques dans les politiques de coopération.

Ainsi, les changements climatiques vont devenir l’un des enjeux fondamentaux des relations Nord-Sud. Même si les migrants de Lampeduza ne sont pas des réfugiés climatiques, il est à craindre que les difficultés ne font que commencer et qu’il est urgent de mettre en place un véritable « plan Marshal » pour anticiper les migrations humaines. Une évolution climatique importante, aux conséquences encore mal mesurables, semble inévitable au cours du siècle. Pour qu’elle ne soit ni trop brutale ni douloureuse, un processus graduel doit être amorcé dès maintenant. Il faut à la fois « lutter contre » ce changement, c’est-à-dire s’efforcer d’endiguer le phénomène pour qu’il n’engendre pas un bouleversement insupportable de notre mode de vie, mais aussi se préparer à « s’adapter » à des modifications inéluctables de l’environnement.

Nous n’y parviendrons que par une prise de conscience collective des risques encourus, et par une volonté partagée de porter une attention constante et soutenue à cet objectif, tant dans les grandes décisions collectives que dans notre vie quotidienne.
Il y a une dizaine d’années, le succès du film d’Al Gore « Une vérité qui dérange », a montré que cette question n’était plus une question qui dérangeait, mais une réalité à laquelle on ne peut plus échapper.

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La biodiversité en ville n’est pas le problème mais une des solutions

Tribune du Monde - 20 avril 2020

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S’il est légitime de s’interroger sur la relation entre la promiscuité dans laquelle vivent les citadins et les risques naturels auxquels ils sont exposés, il ne faut pas que la biodiversité sauvage urbaine devienne le bouc émissaire de toutes les catastrophes écologiques à venir. Amalgamer déforestations tropicales, interactions entre des êtres humains et non humains et développement de nature dans les villes en une fallacieuse cause d’épizooties est un raccourci absurde, voire tendancieux. Il est surprenant de voir certains s’y laisser prendre et ainsi ramer à contresens des consensus scientifiques reconnus, comme l’ont fait Jean-Christophe Fromantin et Didier Sicard dans une tribune publiée le 8 avril sur le site du Monde (Coronavirus : « Les nouvelles configurations urbaines portent en germe des déflagrations écologiques à haut potentiel de viralité »).

Les premiers signataires : les membres de l’équipe URBA (Ecologie, aménagement et biodiversité en milieu urbain) du Centre d’écologie et des sciences de la conservation du Muséum national d’histoire naturelle Yves Bertheau, directeur de recherche ; Eduardo Blanco, doctorant ; Sabine Bognon, maîtresse de conférences ; Aline Brachet, doctorante ; liquantPhilippe Clergeau, professeur ; Delphine Lewandowski, doctorante ; Tanguy Louis-Lucas, doctorant ; Nathalie Machon, professeure ; Frédéric Madre, chercheur associé ; Flavie Mayrand, chercheure contractuelle ; Laurent Palka, maître de conférences ; Chloé Thierry, doctorante ; Laura Thuillier, doctorante

Amnésie environnementale

Jusqu’à récemment, peu de cas était fait de la nature dans la cité. Elle devait rester à sa porte, dans un souci romain de préservation urbi et orbi. La ville était bâtie pour les humains et les quelques espèces horticoles ou domestiques qui les accompagnaient. Si ce postulat peut être encore parfois partagé, c’est par totale ignorance ou rejet idéologique des bienfaits que la biodiversité urbaine confère aux citadins. La validité de ce raisonnement passéiste est chaque jour battue en brèche par les résultats de la recherche.

L’urbanisme hygiéniste hérité du XIXe siècle prône la séparation stricte entre systèmes vivants et systèmes sociaux. Depuis, cette aseptisation de la ville a progressivement rendu rares les contacts entre humains et non humains, et a conduit à une amnésie environnementale et un désintérêt voire un mépris pour la préservation de la nature de la part de beaucoup de citadins.

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Mais c’est bien l’érosion mondiale de la biodiversité et la disparition de nombreux habitats naturels, sous l’effet de l’artificialisation massive des sols et leur imperméabilisation, la surexploitation des écosystèmes, l’émission croissante de polluants et gaz à effet de serre, et les manifestations du changement climatique qui en découle, qui demeurent les principales causes des risques meurtriers, chroniques et croissants que sont canicules, inondations ou encore pollutions atmosphériques.

Paradoxalement, en ville aussi, la biodiversité s’avère indispensable à nos sociétés. La nature insérée dans le milieu urbain est source de bénéfices en termes de santé psychologique et physique pour les citadins. Les villes les plus minérales font le lit de nombreuses maladies allergies, anxiétés, affections respiratoires et cardiovasculaires…

Epuration et régulation

Jusqu’à récemment, peu de cas était fait de la nature dans la cité. Elle devait rester à sa porte, dans un souci romain de préservation urbi et orbi. La ville était bâtie pour les humains et les quelques espèces horticoles ou domestiques qui les accompagnaient. Si ce postulat peut être encore parfois partagé, c’est par totale ignorance ou rejet idéologique des bienfaits que la biodiversité urbaine confère aux citadins. La validité de ce raisonnement passéiste est chaque jour battue en brèche par les résultats de la recherche.

Or, les plantes participent à l’épuration de l’air, de l’eau et du sol. Les arbres, notamment, fixent d’importantes quantités de polluants atmosphériques. Ils jouent un rôle non négligeable dans le cycle du carbone et réduisent les îlots de chaleur urbains, abaissant de plusieurs degrés lors des fortes canicules la température de quartiers entiers.Les écosystèmes urbains fonctionnels, riches en espèces animales et végétales spontanées, permettent la régulation d’espèces qui auraient sinon tendance à proliférer dans nos milieux grandement artificialisés.

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L’agriculture urbaine se renouvelle dans nos villes. Ce contact avec le vivant non humain, qu’il vise à une autoconsommation ou à des moments et des lieux de convivialité, est à la base du retour des potagers urbains et jardins partagés. Or, la production de fruits, de légumes, d’aromates, de fleurs nécessite des sols et de l’eau de qualité autant que des insectes pollinisateurs ou des régulateurs des espèces défavorables aux cultures. Ces conditions ne peuvent être remplies sans trop de complications techniques qu’avec l’aide d’une nature urbaine riche et de politiques publiques soucieuses de maintenir ou d’accroître la qualité environnementale des villes.

Au-delà de ses propriétés régulatrices, la biodiversité urbaine se pare également de vertus culturelles et pédagogiques. Elle fournit l’opportunité de sensibiliser un large public, à commencer par les enfants, aux problématiques environnementales. Une large part des citadins n’a que très peu de contact avec la nature. La consommation ou l’envie d’espèces exotiques chez les urbains, qui aboutit à des comportements absurdes et risqués d’un point de vue sanitaire et écologique, serait plutôt la résultante de cette déconnexion à la nature.

Moyen et objectif

Les initiatives associatives qui promeuvent et familiarisent avec la nature urbaine (fêtes de la nature, des jardins ou de la biodiversité) ou les programmes de sciences participatives (sauvage de ma rue, lichen go, biodiversité des jardins… voir le site de Vigie-nature) leur font percevoir, surtout dans les quartiers les plus densément peuplés, l’intérêt de préserver des espaces de nature.

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Les territoires urbains, installés initialement dans les zones agricoles les plus fertiles, s’étendent sans cesse aux dépens de zones parfois riches en faune et flore. Outre les arguments utilitaires, préserver la biodiversité en ville c’est également prendre part à la conservation des espèces.

La destruction massive de la vie sauvage menace l’environnement autant que les sociétés. Le fait que la biodiversité urbaine ait ainsi des propriétés réellement bénéfiques souligne combien il vaudrait mieux l’envisager comme moyen et objectif pour des villes plus vivables, plutôt que comme source de catastrophes sanitaires comme l’actuelle pandémie de Covid-19. Ainsi, parce que c’est impératif, il convient de mieux comprendre comment rendre les systèmes urbains capables d’intégrer une biodiversité originale et fonctionnelle. Se préoccuper collectivement de lui trouver sa place est sans doute constitutif de notre humanité. Seules des politiques urbaines ambitieuses aboutiront à la protéger efficacement en s’appuyant sur des acquis scientifiques solides issus d’une recherche de haut niveau. La biodiversité en ville n’est pas le problème mais une des solutions.

 

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COVID19 et espaces verts

Impacts des mesures de gestion de la crise sanitaire sur les activités liées aux espaces verts et au paysage au sein des collectivités territoriales

Synthèse du rapport - enquête nationale de Plante&Cité MAI2020

Enquête réalisée par Caroline GUTLEBEN, directrice, Ludovic PROVOST, chef de projet de communication, Robin DAGOIS, chargé de mission « Agronomie, sols et végétalisation urbaine », Aurore MICAND chargée d’étude Paysage et projets de diffusion, Pauline LAÏLLE, chargée de mission « Economie et management », Benjamin PIERRACHE, chargé d’étude et responsable Catalogues et collections botaniques Floriscope. En partenrariat avce François  COLSON (Agrocampus Ouest), Marc MOUTERDE (UNEP), Bertrand MARTIN (AITF), Jean-Pierre GUENEAU (Hortis), Fanny MAUJEAN (Hortis), Véronique BRUN et Michel LE BORGNE (FNPHP), Anthony GUITTON (UNEP), Jean-Marc LECOURT (SFG), Jean-Marc BOUILLON (FFP).
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Cette enquête s’inscrit dans le contexte de la crise sanitaire du Covid-19 à l’origine des mesures de confinement de la population et de limitation des activités dans la plupart des secteurs.Les objectifs sont d’apporter un éclairage sur la situation concernant les activités liées aux espaces verts et au paysage au sein des collectivités territoriales au cours du confinement. Il s’agit également d’appréhender les conséquences de l’inflexion des pratiques d’entretien et de travaux dans les collectivités territoriales à la reprise des activités. Les résultats visent ainsi à accompagner la préparation de la reprise des activités des acteurs publics et privés concernés par les espaces verts, le paysage et la nature en ville.

Les réponses sur la situation à la sortie du confinement constituent des projections des structures gestionnaires avec le contexte d’information de la semaine du 14 au 21 avril 2020, soit après l’annonce officielle du 13 avril sur la sortie du confinement le 11 mai (sans connaissance des modalités). Les résultats de cette enquête constituent une photographie de la situation au cours du confinement et des projections à sa sortie. Cette photographie ne peut témoigner de l’évolution des pratiques mises en œuvre au cours du confinement. De nombreux gestionnaires ont témoigné que la situation a pu évoluer au gré des annonces du Chef d’Etat et du Gouvernement au cours des 8 semaines de confinement. Seules les réponses des structures identifiées au début du questionnaire ont pu être exploitées et analysées.

Un panel très représentatif qui donne accès à une diversité démographique, géographique et territoriale

En très grande majorité, les 829 structures répondantes sont des communes (94%). Toutes les strates de taille de collectivités sont représentées. La principale strate étant celle des communes de moins de 2000 habitants (41% des répondants). Environ 4% des répondants sont des Etablissements Publics de Coopération Intercommunale. Toutes les régions sont représentées (à l’exception de la Corse) y compris certains Outre-Mer (La Réunion, Martinique, Polynésie Française).

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Sur la situation au cours du confinement

Près de 90% des collectivités répondantes estiment que les activités d’entretien et de travaux subissent globalement une inflexion, qu’elles soient menées en régie ou par des entreprises prestataires.

Les cinq premières activités en lien avec les espaces verts ayant été maintenues, même de façon minimale, sont par ordre décroissant : 1-Le ramassage des déchets, 2-L’arrosage, 3-Les achats et marchés, 4- La gestion des strates herbacées, et 5-Le désherbage. Le paillage et les travaux arboricoles ont été les moins maintenus.

Les trois premiers espaces sur lesquels des activités minimales d’entretien et de travaux ont été maintenues sont par ordre décroissant : 1- les cimetières, 2-les abords de voirie et ronds-points, 3-les terrains de sport communaux. Les centres de production horticoles ont majoritairement été maintenus, mais globalement avec une activité réduite.

Le maintien des effectifs d’agents sur le terrain est très hétérogène au plan national. Près du quart (22%) des collectivités répondantes ont maintenu moins de 10% de leurs effectifs sur le terrain. Seulement 24% des collectivités ont maintenu plus de 50% de leurs effectifs sur le terrain. Il semble que plus la collectivité est petite, plus la proportion d’agents présents sur le terrain est élevée.

Pour plus de la moitié des collectivités répondantes, seule une minorité des entreprises prestataires a maintenu leurs activités. De très nombreuses collectivités ont adapté les modalités de supervision et suivi des chantiers à distance.

S’agissant des plantations, près de la moitié des collectivités répondantes n’avaient pas réceptionné les végétaux commandés au moment de l’enquête. La moitié d’entre elles ont entièrement reporté leurs plantations. L’autre moitié combinera report et annulation. La prise en charge du surcoût de remise en culture et de reconditionnement des végétaux par les producteurs est à l’étude pour 25% des collectivités répondantes, et envisagée, même partiellement, pour 16%d’entre elles.

Les restrictions d’accès aux espaces publics ont provoqué des difficultés, parfois perçues de façon aiguë, par les collectivités répondantes par ordre décroissant sur : 1- Les sentiers de randonnées et voies vertes, 2- Les parcs et squares, 3-Les aires de jeux, et 4- Les jardins familiaux et partagés.

Sur la situation prévue à la sortie du confinement

Les trois premières activités d’entretien et de travaux prioritaires à la sortie du confinement sont par ordre décroissant de choix : 1- Le désherbage, 2- La gestion des strates herbacées, 3- Les plantations.

Les espaces dont l’entretien sera prioritaire à la sortie du confinement sont principalement par ordre décroissant de choix : 1- Les abords de voirie et ronds-points, 2- Les cimetières, 3- Les parcs et squares.

Seule une faible proportion des collectivités répondantes (15%) envisage des renforts. Les renforts envisagés sont par ordre décroissant : 1- Le recours à du personnel saisonnier, 2- Des prestations d’entreprises du paysage, 3- Des prestations de C.A.T., 4- Des opérations citoyennes et 5- L’intervention d’agriculteurs pour les opérations de fauche.

S’agissant des objectifs d’entretien, 42% des collectivités répondantes envisagent de faire évoluer leurs pratiques, un tiers ne se projette pas. Concernant le fleurissement, plus des deux tiers des collectivités répondantes (68%) n’envisagent aucun changement par rapport à ce qui était prévu en 2020. S’agissant des projets de création et d’études de maîtrise d’œuvre, la moitié des collectivités répondantes envisage un report.

Sur les budgets de fonctionnement et d’investissement, les collectivités répondantes déclarent en premier lieu ne pas savoir quelles pourraient être les évolutions dans l’année.

Sur les projections à moyen et long terme

La majorité de collectivités répondantes estime que l’inflexion, voire l’arrêt, des activités d’entretien et de travaux dans les espaces verts est favorable à l’expression de la biodiversité. Parmi elles, plus des trois quarts souhaiteraient faire évoluer leurs pratiques pour prolonger ces bénéfices supposés pour la biodiversité (gestion différenciée, gestion écologique…).  Près de la moitié des collectivités répondantes envisage de développer les achats de végétaux associés à un signe de qualité et / ou de végétaux produits en France. L’autre moitié n’envisage pas de faire évoluer les pratiques d’achat de végétaux à l’avenir. Cela peut vouloir dire qu’il ne s’agit pas d’un sujet de préoccupation ou qu’elles sont déjà vertueuses.

 

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Un témoignage poignant du Directeur Général du département des parcs et loisirs de Los Angeles

Propos recueillis le 2 Avril 2020, et traduits par Elisabeth FOURNIER, Vice-Présidente d’Hortis

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Au début, nous avons dû prendre des décisions difficiles pour fermer tous les sentiers, les plages, les bases de loisirs de plein air. Cependant, nos parcs sont restés ouverts, mais uniquement pour les loisirs passifs tels que la marche, le vélo, le jogging ou le repos avec distanciation sociale. 

Puis à partir de Pâques, moment de grands rassemblements dans les parcs, nous avons dû tout fermer. 

 Mais, au delà de cela, vous avez dû entendre qu’à Los Angeles, les parcs ont été réquisitionnés pour urgence sanitaire. En effet, la Charte de la ville prévoit qu’en cas de catastrophe, le Département des parcs et loisirs devienne le service opérationnel pour le social et l’hébergement. Et c’est ce qui s’est passé.

Ici à Los Angeles, nous sous sommes retrouvés juste derrière New York City en termes de cas potentiels. 

En une nuit, nous avons fermé tous les équipements, stoppé toutes les activités, annulé tous les évènements. En une nuit, tous nos équipements ont été mis à disposition des populations vulnérables et des sans-abris, particulièrement nombreux à Los Angeles. 

Cela fut un exploit pour nous, mais un exploit décourageant, pour nous qui sommes engagés dans le récréatif, de nous retrouver à gérer des refuges pour sans-abris.

Nous avons mis en place des mesures et des moyens strictement réglementés pour assurer la sécurité de nos employés. Combinaisons, masques, gants, bottillons, des kits complets. En effet, nous avons été fréquemment en contact avec des personnes positives au Covid. 

Notre Département des parcs et loisirs est venu en soutien des 2 navires-hôpitaux US NAVY. De plus, nous avons préparé d'autres sites de grande superficie dans les parcs pour servir d'hôpitaux mobiles de campagne.

Nous avons dû transformer notre grand parc de North Valley en une aire de rassemblement pour plus de 500 mobil-homes que nous avons sécurisés et équipés pour isoler les patients potentiels de Covid, mais aussi les sans-abri ou les employés de la ville. Nous avons mis en place des camps mobiles de roulottes dans 26 de nos parcs.

De plus, nous avons été chargés de mettre en place plusieurs garderies, 12 heures par jour dans toute la ville pour les enfants de ceux qui sont en première ligne, le tout gratuitement. Ce ne fut pas un petit exploit ! 

Il y a de grandes histoires à raconter sur l’engagement des hommes et des femmes de notre Département des parcs et loisirs. Dans notre ville dense,  d'espaces encombrés, il est normal d'équiper et d'utiliser les espaces verts et leurs structures pour répondre aux besoins de la Ville. Là où les parcs participent à la santé et au bien-être grâce aux loisirs, au sport et aux espaces naturels ouverts, nous offrons maintenant littéralement la santé et le bien-être par le biais d'abris, de soins, de nourriture, de tests, d'isolement, de protection et de réconfort. C’est une noble mission qui nous rend tous fiers d'être des "jardiniers".

Aujourd’hui, nous faisons face à la réalité budgétaire, les heures supplémentaires, le moral des agents et l'état des parcs après la pandémie.

Mais une chose sur laquelle nous pouvons tous être d'accord, c'est que lorsque la pandémie sera terminée et que le confinement sera levé, les gens auront faim de leurs parcs : faim de nature, faim d'engagement, faim de sport, notamment pour les enfants si longtemps confinés. 

Mais en même temps, nous devons tous réaliser que bon nombre de nos concitoyens se trouveront dans des conditions économiques encore plus difficiles. Nous allons avoir de vrais défis à relever face à nos modèles récréatifs traditionnels. Nous devrons nous adapter pour répondre à leurs besoins. Il nous faudra faire pression sur nos élus pour qu'ils prennent les mesures nécessaires.  Tous ensemble, nous devrons promouvoir l'équité sociale, la santé et le bien-être pour tous. 

Je prédis que les parcs du monde entier joueront des rôles encore plus nouveaux et plus importants dans les jours et les années à venir. Nous devons tous garder le cap et préparer cet avenir.

 

Anthony-Paul (AP) Diaz, Esq.

Directeur général et chef de cabinet

Directeur général adjoint de la ville de Los Angeles

Département des parcs et loisirs 

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