La gestion évolutive durable des espaces verts (sept 2016, N°61)

extrait de la revue N°61, septembre 2016 par Jean-Marie ROGEL - Chef de service Gestion des paysages au Service Espaces Verts de la Ville de Lyon (69)

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Un outil d’amélioration continue pour répondre à l’évolution des attentes sociétales en matière de nature en ville.

Historique

Initiée à partir de 1995 dans le cadre de la politique environnementale de la Direction des Espaces Verts et de la certification ISO14001 obtenue en 2005, la Gestion Évolutive Durable (GED) à la ville de Lyon (gestion différenciée) a d’abord été construite autour d’un cahier des charges intégrant quatre classes : (Prestige, horticole +, horticole -, naturelle) et déclinée sur des sites pilotes pour être généralisée ensuite. Paillage, désherbage raisonné, utilisation de bio-lubrifiants, gestion des déchets et des consommations d’eau notamment, ont ensuite été progressivement déclinés sur l’ensemble des sites. La GED a également permis le passage progressif au Zéro phyto, objectif atteint dès 2008.

A partir de 2011, en parallèle d’une analyse détaillée des tâches par classe et typologie de sites, le cahier des charges a été mis à jour en matière de :

  • dénomination des classes (prestige, horticole, à vivre, nature),
  • critères de classement en fonction de contextes urbains et d’usages
  • niveau de tolérance aux adventices afin de tenir compte du zéro phyto généralisé.
  • coûts de gestion moyens au m²/an

Une première photographie complète à l’échelle de la ville, de la proportion en surface par classe et par secteur d’entretien a donc pu être élaborée (prestige 1%, horticole 9%, à vivre 65%, nature 25%)

Marges de manœuvre

Initiée à partir de 2014, la démarche de recherche de marges de manœuvres (budgétaires) de la ville de Lyon a été déclinée sur la gestion des espaces verts sous l’égide du service contrôle de gestion. La démarche a été présentée à l’ensemble de l’encadrement (du Directeur jusqu’aux agents de maîtrise) puis elle s’est mise en œuvre sur deux ans à travers un groupe de travail impliquant l’ensemble des jardiniers. Le gisement d’économies potentielles a été évalué (150 000 €) sur plus de 150 sites sur la base de ratios moyens par classes, recoupés et vérifiés avec les coûts de fournitures par site en plantes annuelles.

Un travail conséquent d’optimisation avait déjà été mené dans le cadre de la GED depuis dix ans pour faire évoluer l’offre en fleurissement sur la ville, avec une diminution déjà importante de la proportion d’annuelles au profit des vivaces, (- 40% entre 2005 et 2015) en jouant sur deux leviers :

  • L’optimisation des surfaces d’annuelles dans les massifs en jouant sur le dessin (diminution de la surface tout en maintenant l’effet de volume)
  • La conversion tout partie des surfaces d’annuelles en surfaces d’arbustes et vivaces.

Il a été donc été choisi de ne présenter dans un premier temps aux élus que des évolutions qui s’inscrivaient en cohérence et en continuité avec cette politique, et ainsi de garder encore une offre significative en fleurissement « traditionnel « sur les massifs stratégiques de la ville. Cette volonté de ne pas pousser immédiatement ou trop vite le curseur de suppression des plantes horticoles « jetables » jusqu’au Zéro s’explique aussi par :

  • le maintien d’une lisibilité des sites stratégiques d’embellissement de la ville à travers la déclinaison d’un thème annuel
  • l’incertitude quant aux gains économiques réels de conversion en plantes « pérennes » : les massifs (de vivaces ou de rosiers par exemple) peuvent être envahis par des adventices très difficiles à éradiquer en zéro phyto, et nécessitant parfois le remplacement complet des végétaux et de la terre au bout de quelques saisons seulement. Le bénéfice écologique et économique n’est dans ce cas plus si évident que cela.
  • l’incertitude quant à l’acceptation à la fois en interne (jardiniers) et en externe (habitants) d’un changement trop brusque de nos méthodes d’embellissement de la ville par le végétal.

Cette démarche a également été l’occasion de re-questionner la pertinence de l’ensemble des dispositifs hors-sol (bacs et jardinières) en particulier ceux ne disposant pas d’arrosages automatiques et dispersés sans cohérence au cours de ces dernières décennies au gré des commandes d’élus suite au lobbying des commerçants ou riverains.

Enquête sociologique

L’enquête « la Nature en Ville : entre regards, attentes et appropriation par l’habitant » a été conçue parallèlement à la démarche “Marges de manœuvres” afin de vérifier les tendances permettant de confirmer ou non les futures orientations de gestion de la Direction des Espaces Verts. L’enquête (de 30 questions) s’est traduite sous deux formes : un sondage terrain (65 lyonnais sondés) et un sondage internet (365 lyonnais sondés). Le sondage internet est venu en appui du sondage terrain afin de toucher toutes catégories socio-professionnelles confondues et tous types d’âges. Neuf quartiers de Lyon, répartis dans les neuf arrondissements et ayant des espaces végétalisés à valoriser sur voirie (selon les prescriptions du PLU), ont été choisis afin de prendre en compte également les différences de perceptions et de désirs entre les arrondissements. Au total, 430 lyonnais (intra-muros) ont été interrogés. Ce chiffre, qui semble faible, constitue tous de même un indice qui permet d’appréhender les premières pistes de réflexions autour de la gestion des espaces verts de la ville et de l’offre « nature en ville »Parc Clos Layat400PX.

Groupe de travail interne

Cette enquête a également été déclinée en interne sous la forme d’un questionnaire aux jardiniers sur leur perception de la GED. Les résultats ont servi d’introduction au travail de refonte et de simplification des classes de gestion, pour plus de lisibilité et d’appropriation de nos actions en interne et auprès du public et des élus.

En concertation avec l’encadrement et les jardiniers de chaque arrondissement, l’ordre et la dénomination des classes ont été revus pour « casser » la perception péjorative de la classe « nature » et le caractère connoté de l’ancienne classe « prestige ».

Le travail de relecture de l’ensemble des classements de sites pour permettre la mise à jour de la base patrimoine est en cours, ainsi que la remise à plat de l’ensemble de la stratégie de communication autour de la GED en lien avec la démarche des marges de manœuvres et les autres stratégies d’animation et d’éducation du public à la « nature en ville ». Ces deux dernières stratégies sont mises en œuvre par les autres pôles de la Direction au sein d’une structure interne transversale « Lyon Nature ».

Le travail de ce groupe de réflexion en interne associant les 220 jardiniers et l’encadrement du service gestion, se décline désormais en lien avec le centre de production horticole à travers la définition de palettes végétales « types » par classe afin de mieux guider les choix de plantation sur le terrain d’une part, et d’optimiser les stocks du centre horticole d’autre part. Il intègre bien évidement les objectifs de diversité écologique, mais également des critères plus spécifiques liés à l’adaptation changement climatique et à une plus grande utilisation des plantes locales. Un travail important de mise en culture de terres végétales mené depuis trois ans maintenant permet également à la DEV désormais de recycler les terres et de disposer d’un stock « sain » pour le renouvellement des aménagements.

Reconnaissance et labels

La Gestion Évolutive Durable, intégrée à la politique environnementale de la DEV depuis plus de quinze ans, dans une logique d’amélioration continue, a permis au-delà de la certification ISO140001, de décliner le Label « écojardins » sur chaque arrondissement de la ville. Combinée aux actions d’inventaires, de conservation et de pédagogie autour de la biodiversité et de la nature en ville, menées au sein de Lyon Nature, à la veille permanente pour une conception durable des aménagements en interne et en externe et à une stratégie globale à long terme de développement de la « trame verte » en cours d’élaboration (Plan de Développement des Espaces Naturels), la GED permet aujourd’hui à la Direction des espaces verts de postuler au Label 4 fleurs.

En effet, une très grande partie des nouveaux critères d’évaluation correspondent aux actions engagées ou réalisées par la ville de Lyon pour la qualité du cadre de vie et la présence du végétal et le développement de la biodiversité en ville. Ce challenge est l’occasion pour la ville de vérifier le bon positionnement de ses curseurs de gestion (économiques, écologiques, sociaux) et de leur impact sur l’équilibre entre fleurissement traditionnel, nature en ville et qualité du cadre de vie Lyonnais.

La DEV de Lyon emploie près de 400 agents dont 220 jardiniers pour près de 430 ha d’espaces verts répartis sur plus de 1400 points d’intervention.

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Marseille étudie ses abeilles sauvages

par Catherine STENOU - Responsable de la Division «Nature en ville», du «Service des Espaces verts et de la Nature»

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En Europe et en France, près de 10 % des espèces d’abeilles sont menacées ou en voie d’extinction. Entreprendre des actions en faveur de leur conservation constitue un enjeu majeur, particulièrement en Méditerranée. C’est pourquoi la Ville de Marseille lance une étude grandeur nature, fondée sur leur observation. En partenariat avec deux Laboratoires d’Aix-Marseille Université, le Laboratoire Population Environnement et Développement (LPED) et l’Institut Méditerranéen de Biodiversité et d’Ecologie (IMBE), la Ville de Marseille a implanté un grand hôtel à insectes et 120 petits hôtels dans ses parcs. Ces structures seront vecteurs de messages sur l’importance de la biodiversité et sur la nécessité de gérer les parcs publics avec des méthodes respectueuses de l’environnement. Ce dispositif s’inscrit aussi dans une étude scientifique plus générale sur le comportement des abeilles en milieu urbain et sur la biodiversité de la faune des pollinisateurs. 

Vers un retour à une gestion raisonnée

Ces hôtels sont des refuges pour des insectes pollinisateurs et pour des auxiliaires. Ils peuvent servir à limiter voire supprimer l’utilisation de produits chimiques dans la gestion des parcs et jardins.
En effet, depuis des décennies, les champs, les parcs et les jardins ont été traités par des pesticides pour éradiquer les insectes nuisibles. Or, c’était sans compter avec l’extraordinaire capacité de ceux-ci à s’adapter aux traitements phytosanitaires et à développer des résistances.

Ainsi, il a fallu augmenter les quantités de produits pour tenter de s’en débarrasser. La terre absorbe depuis des années ces produits, toxiques pour les insectes mais aussi pour l’homme.
Depuis dix ans, la Ville de Marseille consciente de ces problèmes, a choisi de ne plus utiliser de produits phytosanitaires pour traiter ses espaces verts. Il n’en demeure pas moins que de nombreuses espèces d’insectes ont disparu. L’installation des hôtels à insectes a pour but de leur fournir des habitats, pour que la nature revienne au cœur de la ville.

Les hôtels à insectes sont-ils efficaces ?

Avec ces installations, la ville de Marseille souhaite répondre à ces questions : les hôtels à insectes sont-ils des outils de conservation de la biodiversité ? Vont-ils augmenter la biodiversité en attirant de nouvelles espèces ou au contraire, la réduire en ne favorisant que certaines d’entre-elles ? Leur implantation dans les parcs de la ville peut en effet fournir des habitats aux insectes et enrayer des pertes de populations en permettant à certaines populations de se maintenir dans le temps. Seuls les résultats permettront d’y répondre, d’ici  trois ans au minimum.

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La Méditerranée, “hotspot” de biodiversité mondiale pour les pollinisateurs

Il existe 962 espèces d’hyménoptères apoidés, ou abeilles au sens large, en France et parmi celles-ci, plus de 700 se retrouvent dans le midi.Le bassin méditerranéen est un « hotspot » pour la biodiversité d’abeilles sauvages à l’échelle française, européenne et mondiale. Les conditions leur sont particulièrement favorables (températures chaudes au printemps et en été, et variété de plantes nectarifères importante).

Les abeilles sauvages présentent des comportements de reproduction particuliers : environ 70 % des espèces se reproduisent dans le sol, et 30 % au-dessus du sol. Ainsi, on trouve des abeilles qui pondent dans les anfractuosités de murs, dans les tiges creuses, dans le bois mort et même pour certaines Osmies, dans des coquilles d’escargots vides.

Objet de toutes les attentions : Megachile et Xylocope

Certaines espèces d’abeilles sauvages introduites involontairement dans la région, réussissent à s’installer, à se reproduire et, parfois, à proliférer en raison, notamment, de l’absence de prédateurs spécifiques. Elles le font souvent au détriment d’espèces locales.Ce sont des espèces dites envahissantes, dont l’impact sur les écosystèmes locaux n’est pas connu. Megachile sculpturalis (l’abeille géante à résine) est une espèce potentiellement invasive qui peut entrer en compétition avec les Xylocopes (abeilles charpentières) en ce qui concerne les sites de reproduction.

Ceux-ci peuvent se trouver dans les parcs marseillais. C’est pourquoi la Ville de Marseille souhaite participer à l’étude de l’évolution de ces espèces et tenter de comprendre leur répartition à travers l’installation des petits hôtels à insectes. Ces hôtels sont aussi un outil de conservation dans le but de comprendre quelles sont les espèces locales qui peuvent les habiter et s’y reproduire.
Megachile sculpturalis : Espèce asiatique introduite accidentellement dans la région
Xylocope violacea : Une abeille sauvage commune de la région méditerranéenne

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Le désherbage des cimetières en question

par Sandrine POINEAUD - Directrice des Services Techniques de la Roche-Chalais (24) et Michel KOENIG, Directeur du pôle espaces verts et cadre de vie de la Ville de Metz (57)

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Dès 2011, la commune de LA ROCHE CHALAIS s’est engagée dans une démarche de Gestion Différenciée, avec des objectifs de réduire l’utilisation des produits phytosanitaires et de changer ses pratiques, en communiquant auprès de sa population. C’est ainsi qu’elle est devenue commune pilote au sein du dispositif d’accompagnement du SMICVAL, dans le cadre de la prévention des déchets (réduction quantitative et diminution de la toxicité), d’où la démarche de gestion différenciée et de zéro phyto..

D’une démarche globale...

Sa participation à de nombreux évènements (labels « fleurissement villes et villages fleuris », journées « fête de la nature », « Terre Saine » etc.), a favorisé la sensibilisation et l’implication des habitants et des différents publics scolaires. La commune de La Roche Chalais fut l’une des premières du département de la Dordogne à signer la charte “zéro herbicide”. Pour communiquer sur la démarche globale du zéro phyto et de Prévention des Déchets, le Label Station Verte est apparu comme un objectif communal, avec une labellisation en 2011 puis en 2014. Pour conforter l’accompagnement du Smicval piloté par Guislaine Laroche, une charte de zéro herbicide  a été signée en partenariat avec le Conseil général de la Dordogne en avril 2012. Les élus et l’équipe technique constituée de Sandrine Poineaud, directrice du service, et de la responsable espaces verts Renée Garcin, se sont mobilisés autour de solutions alternatives, permettant l’implication des habitants.
C’est pourquoi dès 2014, la nouvelle équipe municipale menée par le maire Jacques Menut et son adjointe à l’environnement, cadre de vie et urbanisme, Françoise Dagnaud, ont voulu réaffirmer leur souhait d’aller plus loin et de développer le zéro phyto à l’échelon de tous les espaces publics, y compris pour la gestion des cimetières et des terrains de sports. Cette volonté de respecter les enjeux de Santé Publique et Sécurité au travail, en accord avec le contexte législatif (dont la loi de Transition Energétique pour la Croissance Verte) a permis également à la commune d’afficher son identité et de développer son cadre de vie : renforcement du patrimoine arboré, augmentation des zones engazonnées, intégration d’un fleurissement durable, éducation à l’environnement, gestion et valorisation des déchets, réduction des consommations d’eau, etc.

… à l’enjeu du zéro phyto dans les cimetières

Naturellement, s’est imposée une nécessité de jardiner le cimetière situé en plein cœur du bourg. Une originalité a germé en mai 2014, avec la décision de communiquer sur cette intention en invitant l’ensemble des administrés au cimetière pour un moment de convivialité et d’échanges. Cela s’est fait lors d’une journée spécifique et inscrite dans le cadre de la Fête de la Nature sur la thématique « Herbes folles, jeunes pousses et vieilles branches ».
Différents outils de communication ont été créés par le service en vue de convier un très large public. L’établissement d’une stratégie et d’une méthodologie réalisées en collaboration avec le service technique et le SMICVAL, ont été validées. Ainsi, des flyers et des invitations ont été distribués à l’ensemble de la population assortis d’un questionnaire essentiel à la réussite du projet. L’objectif de la journée était la visite du cimetière avec la présentation des premières actions menées. Celle-ci a permis de rebondir et d’échanger sur les réalisations et les projets. Les discussions se sont clôturées autour d’un pot à la salle des fêtes où une exposition de dessins était présentée. Celle-ci avait été réalisée par les enfants des écoles sur la thématique « santé au cimetière ». L’occasion de mettre en avant le besoin de communiquer et de faire participer des publics spécifiques

Après deux années d’expérimentation pour la végétalisation du cimetière, le choix s’est porté sur l’engazonnement naturel et l’enherbement des entre-tombes avec des Sedums. Le résultat final est plus que satisfaisant, puisque la qualité de gestion du cimetière pour le service et l’esthétique du site s’en sont trouvés améliorés. La biodiversité a réinvesti le lieu, l’acceptabilité des usagers s’est développée, etc. Enfin, les coûts d’entretien ont fortement diminué : voir tableau. L’objectif était d’aller plus loin dès 2015, avec l’enherbement des 4 autres cimetières.

En 2016, la commune a lancé différents nouveaux projets permettant d’être toujours dans une démarche globale de qualité de vie et d’implication de ses habitants et de ses visiteurs.

Sont apparus, dans cette logique, « les Jardins partagés » qui permettent l’accès à une alimentation saine et de qualité, dans la convivialité et le respect de la nature (projet piloté et animé par un spécialiste de la permaculture). Puis plus récemment, en juin 2016, la commune a accueilli un groupe de jeunes volontaires internationaux qui ont réhabilité un sentier piétonnier longeant la Dronne et reliant le bourg au camping.

Les tondeuses ont remplacé les pulvérisateurs!

 

Lorsque la décision de bannir tous les pesticides de la ville de Metz a été prise en 2009, suite à la signature d’un protocole avec l’agence de l’Eau Rhin-Meuse, les allées des cimetières étaient constituées soit de gruine (stabilisé calcaire), soit de mâchefer, et régulièrement pulvérisées avec des herbicides totaux.

Le verdissement s’en est suivi et a été très inégal, car le sol des allées, traité depuis des décennies, était vraisemblablement “confit” de désherbants et exempt de toute graine d’adventices. Le passage des désherbeurs mécaniques derrière les tracteurs (type Stab-net), et de brûleurs thermiques dans les allées a permis de faire face aux herbes folles durant les premiers temps. Mais peu à peu s’est imposée l’idée d’engazonner ces allées et de troquer les pulvérisateurs contre des tondeuses et des débroussailleuses.

Une couche de terre de quelques centimètres d’épaisseur a été épandue sur les allées et le sol a été légèrement griffé pour l’intégrer aux revêtements en place. Très rapidement, le sol a verdi, avec l’avantage de rester assez portant et surtout pas trop poussant. Les allées sont devenues bien vertes au printemps, mais dès les premières chaleurs, la croissance de l’herbe ralentit rapidement et la couleur du sol vire au jaune jusqu’aux premiers orages de la fin de l’été. Pour la Toussaint, les cimetières retrouvent toute leur verdeur et les messins s’en accommodent.

Les deux difficultés majeures résident actuellement dans le désherbage des herbes folles entre les concessions qui oblige à des interventions manuelles fastidieuses (binette ou débroussailleuse), et la réfection des allées après les inhumations qui rend nécessaire de reconstituer un sol correct avant un nouveau semis de gazon.

L’étape suivante consistera à supprimer de nombreuses haies taillées, inutiles, et de les remplacer par des massifs d’arbustes libres et de rosiers ainsi que par quelques beaux arbres. Le cimetière s’apparentant un peu plus à un parc paysager, des bancs supplémentaires pourront être installés et la réglementation s’assouplissant, on peut espérer que les promeneurs puissent venir accompagnés de leur animal à quatre pattes, comme cela se pratique outre-manche, et que les cimetières deviennent davantage des espaces de détente et de rencontres.Le verdissement s’en est suivi et a été très inégal, car le sol des allées, traité depuis des décennies, était vraisemblablement “confit” de désherbants et exempt de toute graine d’adventices. Le passage des désherbeurs mécaniques derrière les tracteurs (type Stab-net), et de brûleurs thermiques dans les allées a permis de faire face aux herbes folles durant les premiers temps. Mais peu à peu s’est imposée l’idée d’engazonner ces allées et de troquer les pulvérisateurs contre des tondeuses et des débroussailleuses.

Une couche de terre de quelques centimètres d’épaisseur a été épandue sur les allées et le sol a été légèrement griffé pour l’intégrer aux revêtements en place. Très rapidement, le sol a verdi, avec l’avantage de rester assez portant et surtout pas trop poussant. Les allées sont devenues bien vertes au printemps, mais dès les premières chaleurs, la croissance de l’herbe ralentit rapidement et la couleur du sol vire au jaune jusqu’aux premiers orages de la fin de l’été. Pour la Toussaint, les cimetières retrouvent toute leur verdeur et les messins s’en accommodent.

Les deux difficultés majeures résident actuellement dans le désherbage des herbes folles entre les concessions qui oblige à des interventions manuelles fastidieuses (binette ou débroussailleuse), et la réfection des allées après les inhumations qui rend nécessaire de reconstituer un sol correct avant un nouveau semis de gazon.

L’étape suivante consistera à supprimer de nombreuses haies taillées, inutiles, et de les remplacer par des massifs d’arbustes libres et de rosiers ainsi que par quelques beaux arbres. Le cimetière s’apparentant un peu plus à un parc paysager, des bancs supplémentaires pourront être installés et la réglementation s’assouplissant, on peut espérer que les promeneurs puissent venir accompagnés de leur animal à quatre pattes, comme cela se pratique outre-manche, et que les cimetières deviennent davantage des espaces de détente et de rencontres.

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Sommaire #NatureDéconfinée

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Chacune et chacun, dans nos fonctions, venons de vivre plusieurs mois parfaitement inédits qui, sous le choc et l’effroi d’une crise sanitaire soudaine, nous ont placés dans un confinement personnel et professionnel plus ou moins difficile dont nul ne peut sortir indemne.

Il est incroyable de noter que si le choc fut soudain, les causes multiples qui l’ont provoqué sont bien connues et ce depuis de nombreuses années avec l’expression régulière de cris d’alarme sans qu’aucun sursaut ne soit engagé à la hauteur des périls pourtant croissants.

On est saisi rétrospectivement de cette incapacité à anticiper et adopter des mesures préventives quand on voit les conséquences et les mesures curatives prises dont les coûts sont bien supérieurs.

La crise que nous venons de vivre jette ainsi une lumière crue sur tous les dérèglements que nous dénonçons d’ailleurs à notre niveau depuis bien des années : modèle de développement économique destructeur de l’environnement et des milieux naturels, déforestation qui rapproche les espèces sauvages des espèces domestiques, mode d’alimentation, mode de déplacement, pollution, perte de biodiversité …

Nous voilà désormais tous placés dans une injonction à agir, bien-sûr à notre niveau, dans nos responsabilités, tel le colibri face à l’incendie qui ravage la forêt, et qui en déversant quelques gouttes d’eau, fait sa part …

Dès les premiers jours de ce confinement, des témoignages  ont été transmis par mail  avec çà et là quelques contributions rédactionnelles, des échanges dématérialisés ont ainsi été tenus, formant un premier socle sur lequel il nous est apparu rapidement important de bâtir un possible recueil capitalisant les expériences, les réflexions et les propositions de nos membres.

Notre nouveau site, outre que de diffuser des informations, constitue, par ses fonctionnalités une remarquable plateforme d’échanges.

Nous avons ainsi créé un espace dédié que nous avons baptisé #NatureDéconfinée.

Cet espace, par son enrichissement que j’appelle de mes vœux, peut offrir pour toutes et tous, un cadre de réflexions majeur. Il se veut un lieu d’expression libre, ouvert, et propice à l’émergence de débats que je crois plus que jamais nécessaires en ces temps instables.

Au Coronavirus qui semble trouver son origine dans un marché chinois, nous proposons donc un forum qui à l’origine est une place de marché où les fermiers romains venaient vendre leurs produits…

Souhaitons succès à ce forum pour construire ensemble les meilleures réponses face aux problématiques complexes auxquelles nous sommes confrontés.

Jean-Pierre GUENEAU - Président

 

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Ce dossier #NatureDéconfinée est public sur notre site, n'hésitez pas à faire suivre à vos élus, vos amis, vos connaissances ce lien https://www.hortis.fr/naturedeconfinee

Nous souhaitons aussi faire connaître Hortis avec ce mot clé #NatureDéconfinée donc n'hésitez pas à l'utiliser dans tous vos posts sur les réseaux sociaux.

1 | Hortis engagé

COVID19 et espaces verts

Impacts des mesures de gestion de la crise sanitaire sur les activités liées aux espaces verts et au paysage au sein des collectivités territoriales. Synthèse du rapport - enquête nationale de Plante&Cité Mai 2020

La biodiversité en ville n’est pas le problème mais une des solutions

Tribune du Monde - 20 avril 2020

2 | Parole d'adhérents déconfinés

Covid19, une lueur d’espoir

par Daniel BOULENS - ancien directeur des Espaces verts de la Ville de Lyon

Jardins et cimetières : Hétérotopies de crise... Hétérotopies du bonheur et de l’espoir

par Anne MARCHAND - Chargée de projet au Conseil Départemental des Hauts-de-Seine et secrétaire générale adjointe d’Hortis

Vers le forum des adhérents déconfinés

chaque article a en bas de page un lien vers le forum dans lequels vous êtes invités à réagir... mais vous pouvez aussi réagir plus généralement sur cette initiative de Hors Série en ligne aussi bien sur la forme que le fond... on vous attend nombreux

3 | Ville durable et ville saine, le changement est déjà engagé !

La gestion évolutive durable des espaces verts

extrait de la revue N°61, septembre 2016 par Jean-Marie ROGEL - Chef de service Gestion des paysages au Service Espaces Verts de la Ville de Lyon (69)

Les effets du végétal sur le cadre de vie et la santé humaine

par Pauline LAILLE -  Chargée de mission Économie et management à Plante et Cité

« Biodiversanté ?» une nouvelle valeur écosystémique des espaces verts en ville ?

par Hugues MOURET - Directeur scientifique de l’association ARTHROPOLOGIA

Le bonheur est dans le vert

par Jacques SOIGNON - Directeur du Services des espaces verts et de l’environnement Ville de Nantes

Marseille étudie ses abeilles sauvages

par Catherine STENOU - Responsable de la Division «Nature en ville» , du «Service des Espaces verts et de la Nature»

Le désherbage des cimetières en question

par Sandrine POINEAUD - Directrice des Services Techniques de la Roche-Chalais (24) et Michel KOENIG, Directeur du pôle espaces verts et cadre de vie de la Ville de Metz (57)

Le dérèglement climatique : un constat par les végétaux, des conséquences pour l’homme

par Roland-Marie MARCERON - ancien directeur des Espaces Verts de Bourges, ex-secrétaire général d’Hortis

Changements climatiques et paysage : quels enjeux pour nos métiers ?

par Frédéric SÉGUR - Chef de projet Ingénierie & Prospectives, Métropole de Lyon

4 | À l'international

Un témoignage poignant du Directeur Général du département des parcs et loisirs de Los Angeles

Propos recueillis le 2 Avril 2020, et traduits par Elisabeth FOURNIER, Vice-Présidente d’Hortis

Changements climatiques et paysage : quels enjeux pour nos métiers ?

par Frédéric SÉGUR - Chef de projet Ingénierie & Prospectives, Métropole de Lyon

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La cop 21, conférence mondiale sur le climat a pour ambition de franchir une étape décisive dans l’engagement des états pour garantir une maîtrise des changements climatiques actuellement observés et éviter un effet d’emballement qui serait catastrophique pour l’humanité. A l’échelle locale, l’interrogation et l’action sont de mise sur ce front et portent sur deux questionnements complémentaires qui concernent directement nos métiers : comment d’une part adapter les palettes végétales à l’impact de ces changements ? Et d’autre part, comment les arbres, et plus globalement la végétation, peuvent être des solutions importantes pour l’adaptation de nos villes aux incidences des modifications du climat attendues pour les prochaines décennies ?

Un constat alarmant

Le réchauffement de la planète est aujourd’hui devenu un sujet majeur des réflexions politiques, mais aussi un enjeu évident de communication en direction du grand public. Que l’on soit un État, une collectivité, une entreprise ou un simple citoyen, nous sommes tous concernés, quels que soient notre échelle, notre taille ou nos moyens. Les études menées depuis une vingtaine d’années sur cette question ont permis d’arriver à un véritable consensus de la communauté scientifique : aujourd’hui ni l’origine anthropique du phénomène ni la réalité du réchauffement ne sont désormais remises en cause. Seule l’amplitude de ce phénomène à moyen ou long terme, ou encore l’incidence des mesures correctives que l’humanité pourra mettre en œuvre font encore l’objet de débats d’experts. Une chose est donc acquise quel que soit le scénario retenu : notre climat va inexorablement se réchauffer au cours des prochaines décennies conduisant à une augmentation des températures moyennes comprise entre +2°C pour les plus optimistes et +5°C pour les plus catastrophistes. Pour se fixer les idées, il est bon de rappeler que le réchauffement de la température de la terre depuis les dernières glaciations du quaternaire est de l’ordre de 4 à 5°C,

mais aussi que l’élévation d’un degré de la température correspond concrètement à un déplacement des conditions climatiques, et donc des éco-systèmes, de l’ordre de 150 à 200 Km vers le nord…  Ces quelques rappels permettent aisément de comprendre pourquoi une véritable mobilisation est nécessaire et même urgente autour de cette problématique. D’un point de vue politique à l’échelle des collectivités locales, cette mobilisation s’appuie sur un programme d’actions généralement baptisé « le plan climat ». Deux types de mesures sont présentés dans un plan climat : des mesures d’atténuation, qui consistent à limiter la production de gaz à effet de serre, et des mesures d’adaptation qui cherchent à réduire la vulnérabilité des territoires et des populations aux effets du réchauffement climatique. Les solutions généralement proposées se concentrent sur les questions de déplacement et d’habitat, la thématique « paysage » ayant longtemps été négligée. Pourtant, la nature et son traitement en ville par le paysagiste sont en lien étroit avec la question climatique, tant en ce qui concerne l’impact du réchauffement sur les végétaux, que l’effet de la végétation sur le microclimat urbain.

Impact du réchauffement sur les végétaux

Si on souhaite planter un arbre pour au moins un siècle, alors la perspective des changements climatiques auxquels cet arbre sera confronté au cours de son développement doit nécessairement être envisagée. Or, on constate aujourd’hui que la connaissance de l’autécologie des essences d’ornement reste encore très parcellaire, et qu’il est donc dans ces conditions difficile de faire évoluer notre capacité de choisir les essences pour anticiper les effets du réchauffement. Plusieurs séries d’actions, qui concernent l’ensemble des acteurs de la filière « paysage »  seraient donc à entreprendre, notamment :  la mise en place de protocoles d’observation du comportement des espèces (croissance, phénologie, pathologie…). Les pépiniéristes, jardins botaniques et arboretum, mais aussi les collectivités locales s’engagent de plus en plus dans une telle démarche, notamment en lien avec Plante & Cité. L’harmonisation des protocoles d’études doit être envisagée dès le départ afin d’autoriser la mise en commun et la comparaison des résultats. Le Grand Lyon par exemple a initié le suivi du comportement des quelques 280 espèces et variétés d’arbres qui constituent son patrimoine arboré. L’intérêt particulier que revêt le suivi du comportement des essences en milieu urbain, est qu’il nous renseigne de manière anticipée sur les effets du réchauffement sur l’évolution à prévoir de la palette végétale. En effet, le microclimat du cœur urbain étant déjà en moyenne de 3 à 6° plus élevé que celui de la campagne environnante, les difficultés rencontrées dès aujourd’hui par certains végétaux en ville peuvent nous renseigner sur les problématiques à venir dans quelques décennies dans les parcs et espaces naturels périurbains.

La recherche d’une meilleure maîtrise des provenances et l’amélioration de la traçabilité dans la chaîne de production des arbres d’ornement. En effet, un des facteurs pouvant limiter l’impact des changements climatiques sur le comportement des végétaux est la recherche de la meilleure adaptation aux conditions du site de plantation (sol, ressource en eau, climat…). Or si les connaissances sur l’autécologie des essences d’or-nement sont rares et parfois contradictoires, c’est qu’il existe généralement dans la nature de nombreux « écotypes » d’une même espèce. Un « écotype » correspond à une sous-population d’une essence qui est adapté à des caractéristiques écologiques particulières, parfois sensiblement différentes de celles d’un autre «écotype » de la même espèce. C’est pourquoi la connaissance de la provenance précise des plants d’une espèce est indispensable pour l’élaboration d’arbres qui pourront s’adapter au mieux à leur site d’implantation. Cette maîtrise de la provenance nécessite une démarche concertée et coordonnée de l’ensemble de la filière de production, mais aussi la mise au point d’une procédure de traçabilité de ces végétaux.

Effet de la végétation sur le microclimat urbain

Si le réchauffement du climat aura un impact sur l'évolution de nos palettes végétales, nécessitant des mesures d’adaptation et d’anticipation, il est important de considérer que la végétation urbaine peut en retour constituer un instrument d’atténuation des effets du réchauffement. En effet un arbre ou un boisement de manière passive par l’ombrage, ou active par l’évapotranspiration joue le rôle d’un climatiseur. Certaines études menées récemment en Amérique du nord ont tenté de quantifier cet effet climatiseur et ont montré qu’il existait plusieurs degrés d’écart entre un quartier fortement végétalisé et un autre très minéralisé. Ces constats conduisent à considérer la végétation en cœur de ville comme une réponse à ne pas négliger pour l’atténuation des pics de chaleur. En plus de ce bénéfice direct pour le confort thermique des habitants, la végétation permettrait de manière indirecte de limiter les besoins en énergie pour la climatisation des bâtiments, induisant une réduction d’émission des gaz à effet de serre nécessaires à la production de cette énergie. Il faut bien évidemment ajouter à ce bilan la fixation de carbone dans la biomasse des arbres en croissance.

La canicule de 2003 a montré l’importance de l’impact sanitaire potentiel d’un épisode de canicule avec plus de 15 000 morts en France au cours de cet été, mortalité souvent concentrée au cœur des grandes métropoles du fait de l’effet d’îlot de chaleur urbain. Or on prévoit que d’ici 2050, des canicules de ce niveau d’intensité devraient en moyenne survenir une année sur deux ! Un effet d’abaissement par la végétation d’un ou deux degrés des températures estivales pourrait alors permettre de sauver un nombre important de vies et améliorer la vie quotidienne de nombreux citadins.

Ce rôle actif de l’arbre sur la température peut donc faire de l’intégration de la nature en ville une nouvelle piste de solutions pour enrichir le volet adaptation des plans climat locaux. Le couplage de cet objectif avec une logique de gestion alternative de l’eau est enfin une perspective très prometteuse qui s’intègre aujourd’hui dans les intentions de nombreux projets urbains. L’eau permet d’augmenter l’évapotranspiration des arbres et donc de ce fait leur efficacité en matière de rafraîchissement. Le stockage d’eau en vue de l’irrigation de la végétation durant les périodes de canicule fait d’ailleurs dès à présent l’objet d'expérimentations sur les projets du Grand Lyon.

Cet enjeu doit permettre de faire évoluer la manière de concevoir l’urbanisme, et d’envisager un meilleur équilibre ville/nature en redonnant au végétal un rôle actif indispensable à la résilience d’une ville. Si ce sont des considérations hygiénistes et esthétiques qui sont à l’origine de l’introduction de l’arbre et du jardin dans les projets urbains du XIXe siècle, puis la recherche d’une meilleure qualité de vie depuis la fin du XXe siècle, ce sont peut-être les enjeux d redonnant au végétal un rôle actif indispensable à la résilience d’une ville. Si ce sont des considérations hygiénistes et esthétiques qui sont à l’origine de l’introduction de l’arbre et du jardin dans les projets urbains du XIXe siècle, puis la recherche d’une meilleure qualité de vie depuis la fin du XXe siècle, ce sont peut-être les enjeux du confort thermique et de la santé qui seront à l’origine d’un nouvel essor de l’arbre et du paysage dans la conception de la ville du XXIe siècle.

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